victor brauner et sarah moon

Au Musée d'art moderne de Paris, deux expos que je recommande viennent de commencer. La visite est fluide, profitez-en.

Victor Brauner, surréaliste un temps, détonne par sa palette colorée et son intérêt pour la magie ou les forces occultes. 

"Je suis le peintre, je suis l'inspiration" est le titre de cette rétrospective qui débute par une toile symbolique et saisissante célébrant la lutte en 1947 de femmes incarcérées à Fresnes :

Cérémonie. 1947

Suivent chronologiquement peintures et dessins explorant divers styles d'écritures très personnelles.

Débris d'une construction d'utilité. 1930-31

Y figure bien sûr son autoportrait prémonitoire. Sept ans avant, il peint la perte de son œil qui surviendra lors d'une rixe. "Hasard objectif" saluera Breton.

Autoportrait, 1931

Usant de toute technique comme l'encre de chine ou la cire,

Portrait pantaculaire de Novalis, 1945

il aime être insolent et manie l'auto-dérision.

Rencontre avec moi-même aux quatre chats du monde, 1948

Un an avant sa mort, il exécute des bas reliefs très ludiques. Fidèle aux symboles alchimiques, il réunit par exemple la figure du père et de l'aviation :

L'aéroplapa, 1965

 Le regard ébloui par tant de couleurs et d'énergie, j'entre alors dans la salle consacrée aux photographies de Sarah Moon.

Je découvre qu'elle est l'auteure de la campagne de publicité de Cacharel qui m'avaient marquée dans ma jeunesse et d'autres créateurs de mode. 

Je découvre son travail personnel hors des commandes et me trouve soudain envahie par son univers, sa délicatesse et poésie. 

"Je guette l'imprévisible, j'attends de reconnaître ce que j'ai oublié. J'espère le hasard et j'espère plus que tout être touchée en même temps que je vise." déclare-t-elle.

Spectatrice au début, je finis par m'oublier. J'existe par son œil. 

"Je reconnais en même temps que je découvre ce qui a pu être et n'est plus à la seconde même où j'ai déclenché. On dit que c'est la photo c'est la mort, pour moi c'est l'instant retrouvé".